Clearstream : vers la nomination de Jean Louis Debré à Matignon ? |
- Depuis 12 mois, les crises graves se succèdent à un rythme sans précédent : échec du référendum, démission du Gouvernement, émeutes urbaines, crise du CPE...Il faut que la France soit en congés pour que le Pouvoir ait le calme. Mais avec Clearstream, un enjeu particulier ajoute une nouvelle dimension à cette nouvelle crise. |
Par la multiplication des crises avec la société, il était admis que le Pouvoir était en rupture avec la "vraie vie". Cette rupture était bien entendu grave. Mais, avec Clearstream, c'est la résurgence de "l'Etat RPR", longtemps épouvantail au point d'être la colonne vertébrale de la déclaration de candidature de F. Mitterrand en mai 1988 : protéger les Français contre "l'Etat RPR". Que recouvre cette idée ? C'est l'appropriation de l'appareil d'Etat par un parti politique éloignant ainsi cet appareil d'une certaine éthique pour le détourner à des fins partisanes ou personnelles. Ne pas comprendre la société, c'est déjà inquiétant. Mais détourner l'appareil d'Etat à des fins indignes de l'intérêt national, c'est autrement plus grave au moment où l'opinion est en quête de morale et de sens. Comment un pouvoir sortant peut-il imaginer une mise en campagne avec un socle aussi fragile ? Dans de telles conditions, le bilan n'est plus un tremplin mais un véritable plongeoir. Qui peut imaginer une opinion publique dire au pouvoir sortant : " à vos échecs, prêts, restez !" Le "nouvel électeur" est déjà très infidèle, prêt à zapper en permanence. Pour lui, ce zapping n'est pas une injustice, une preuve d'instabilité voire d'immaturité. Zapper, c'est affirmer son autonomie, optimiser son pouvoir personnel (voir analyse détaillée dans la lettre 38 à paraître le 02/05/06). Dans cette ambiance, avec une telle succession de crises graves, c'est presque un devoir d'infidélité que le pouvoir sortant impose. Il lui faut donc tourner rapidement une page "suicidaire" de son Histoire récente, changez les têtes, sortir de la confusion entre UMP et Gouvernement, répartir clairement les rôles. C'est un défi collectif prioritaire sauf à considérer que le trait soit déjà tiré sur l'échéance de 2007. Le seul profil permettant de ramener de l'autorité et de l'éthique semble être celui de l'actuel Président de l'Assemblée Nationale, Jean Louis Debré, dont le Chef de l'Etat ne peut pas douter par ailleurs d'une solide loyauté. |