Mécontentement chez les paludiers
L'INAO..... NO
Je suis Pascal DONINI, Président de PSR-FA, membre du collectif IGP NON MERCI, mais là je suis en colère, et je m'exprime en mon nom propre.
Nous avons essayé d’utiliser votre langage en vous soumettant une opposition dans une logique d’intérêt général, mais nous n’avons pas eu de réponse. Donc aujourd’hui je parle avec mon langage de paludier.
Parler ainsi c’est d’abord dire que la date de cette réunion est un coup bas.
Et ce n'est pas le premier, il y a eu
- le début de la PNO l'année dernière en plein mois d'août, sans publicité,
- la réunion de lancement le 30 juin
- et la toute première réunion d'information le 12 juillet 2007.
Et en hiver... jamais rien malgré nos courriers.
C’est la technique des mauvais gouvernements que de faire passer les réformes pendant que l’opposition est indisponible.
Pour nous l'IGP, ça commence là : on se fait broyé par une procédure inflexible et ensuite on se fera broyer par une poignée de concurrents amers qui s’appuieront sur le cahier des charges.
Et tout ça pour aller vers quel modèle?
- Celui des produits calibrés, aseptisés, soit disant zéro défaut mais en fait zéro qualité.
- Celui des exploitations sur-controlées à grand frais de cabinet de certification et au prix d’une paperasse extravagante.
- Celui des producteurs déresponsabilisés derrière des cahiers de charges et derrière un conseil d’administration qui fait miroiter un avenir idyllique pour mieux faire oublier les erreurs du passé et les dérives hégémoniques.
Ce modèle, les producteurs de fruits et légumes l'ont suivi avant nous et, aujourd'hui, ils cherchent où vont leurs marges.
Les produits laitiers sont très chers pour le consommateur. En plus en tant que citoyen, il paie des impôts pour que le producteur de lait perçoive des subventions. Et ce même producteur de lait est au bord de la faillite.
Nous ne voulons pas monter dans cette galère, nous ne voulons pas nous approcher de ces usines à gaz qui asphyxient la petite agriculture.
Nous ne voulons ni ne pouvons financer des engins qui ne rendront pas notre sel meilleur.
Si les cribleuses rutilantes procurent de la satisfaction à nos concurrents, nous, ça nous en touche une sans faite bouger l'autre.
Notre fleur de sel ne sera jamais chauffée, il est scandaleux que celle des protagonistes de l'IGP le soit, et ce simplement pour qu'elle puisse circuler dans leur chaîne de conditionnement industrielle. Nous ne sacrifierons pas la qualité de nos produits sur l'autel de l'industrialisation.
Il y a sur le marais un seul paludier à faire du sel sur une bâche plastique. Vous le trouverez où ? Au bureau de leur pseudo-ODG.
Nous ce genre, d'artificialisation nous fait vomir, nous ferons toujours notre sel sur de l'argile. Nous lutterons toujours contre la boulette d'argile mais nous ne céderons pas à la tentation de l'extermination par une artificialisation aussi onéreuse que destructrice de la vraie qualité de notre sel.
Nos concurrents vendent leurs âmes de paludiers, soit, qu'ils ne vendent pas le nom de notre sel avec. Laissez-nous continuer à appeler notre sel "sel de Guérande".
Enfin, il y a le contexte, vous avez remarqué qu'il n'y a aucune opposition parmi les 150 adhérents revendiqués par la prétendue ODG?
Même Kim Jung-il n'a pas l'indécence d'afficher une telle unanimité.
Pourtant, il y en a des opposants, ce ne sont pas tous des moutons.
Pourquoi les opposants ne s'expriment-ils pas? Tout simplement parce qu'ils sont tenus par les... enfin par la bourse.
Je n'ai pas l'intention de finir comme eux. Adhérer à cette pseudo ODG, ça reviendrait à leur apporter mes « corones » sur un plateau. Je sais trop bien ce qu'ils en feraient, ils les passeraient dans leurs vis sans fin surpuissante, et je ne terminerais pas debout.
Cette hydre est insaisissable,
le président officiel n'est qu'une potiche aussi sympathique qu'incompétente pour ce qui nous concerne. Il n'a pas été capable d'obtenir son diplôme de paludier après la formation.
Cette hydre présente aussi un faux nez : ils se présentent comme défendant l’artisanat, hors ce sont les moins artisanaux du marais.
Cette hydre utilise un faux prétexte : celui de la protection de l’origine contre les fraudes. L’IGP n’est pas la solution à un problème qui n’existe pas encore.
C'est intentionnellement que je me mets en colère devant vous, gens de l'INAO.
Mon association vous a envoyé une lettre de demande d'explication en février 2008, pour éviter la situation où nous sommes aujourd'hui. Cette lettre n'a jamais reçu de réponse.
Nous avons rédigé une opposition de 11 pages. Nous n'avons pas de réponse.
Aujourd'hui, vous nous imposez cette réunion un 3 septembre.
Vous vous posez en arbitre alors que je ne pense pas que l'on puisse être à l'INAO sans être favorable au SOQ en général. Et c'est votre droit, et vous avez aussi le droit d'essayer de me convaincre.
Mais il va falloir faire fort parce que deux chercheurs au CNRS Bérard et Marchenay ont démontré ce que nous anticipons empiriquement : les SOQ aboutissent à l'exclusion de la petite agriculture et à l'abandon des pratiques traditionnelles.
Personnellement, je continuerai à appeler mon sel "Sel de Guérande" jusqu'à ce qu'une décision de justice m'impose personnellement d'arrêter, mais je vous promets que j'utiliserai tous les recours, et les IGP n'en sortiront pas grandies.