François Fillon 1er ministre :
"Philippe Séguin avait la passion de la France"
Philippe Séguin, premier président de la Cour des comptes, est mort jeudi 7 janvier 2010 à l'âge de 66 ans. "La République était le fil de la vie de Philippe Séguin. Ce matin, ce fil s'est rompu", a déclaré le Premier ministre en rendant un hommage empreint d'émotion à l'ami et à l'homme politique.
L'homme politique et haut fonctionnaire français Philippe Séguin, né le 21 avril 1943 à Tunis, s'est éteint dans la matinée de jeudi. Pupille de la nation après que son père, soldat, eut été fauché par la guerre en septembre 1944, diplômé de l’école normale d’instituteurs puis élève à l’Ecole nationale d’administration, son parcours exceptionnel est celui d’un enfant de la République.
"À l'aube, j'ai appris avec une profonde tristesse le décès de Philippe Séguin. Cette disparition brutale est une déchirure avec des années de complicité politique, mais surtout personnelle.[…] Aujourd'hui je perds un ami, et la France perd l'un de ses plus grands serviteurs et l'une de ses plus belles voix politiques", a déclaré François Fillon, visiblement ému, jeudi matin. "Une voix tonitruante, profonde, toujours féconde, une voix aussi parfois tourmentée. Philippe Séguin avait la passion de la France, née dans le souvenir d'un père qui avait donné sa vie pour elle. Une passion dévorante, tenace, ombrageuse, qui le conduisit de son "non" au traité de Maastricht à sa démission fracassante de la présidence du Rassemblement pour la République, à agir de façon frondeuse."
Le Premier ministre a poursuivi son hommage empreint d'émotion, rappelant les qualités et le parcours de l'homme politique :
"Philippe était fier et inclassable. Mais il était fidèle aux valeurs du gaullisme comme on est fidèle à une épopée qui exige de tout donner. Philippe Séguin fut, à Epinal, un maire exceptionnel, lui qui était né dans la lumière de Tunis. L'ancien élève de l'Ecole normale d'instituteurs du Var fut à l'Assemblée nationale, un parlementaire dont l'éloquence imprégnera longtemps encore les murs du Parlement. Il fut un grand ministre des Affaires sociales et de l'Emploi ; il restera comme l'un des présidents de l'Assemblée nationale parmi les plus brillants et les plus respectés.
Par-delà les partis et par-delà les clivages politiques et idéologiques, l'aura et la culture de Philippe Séguin s'imposaient à tous. Son autorité et son rayonnement intellectuel ne laissaient personne indifférent. Chacun pressentait que dans son patriotisme ombrageux, il y avait en quelque sorte une part de notre histoire nationale. Après avoir tellement donné à la politique, il se voua totalement et avec la même intensité à la Cour des comptes, qu'il présidait depuis 2004. Dans cette charge, il était encore et toujours l'homme que l'on écoute. La République était le fil de la vie de Philippe Séguin. Ce matin, ce fil s'est rompu et je pense avec émotion à sa famille", a conclu le Premier ministre.
Philippe Séguin, sorti de l'Ena, était entré au secrétariat général de l'Elysée sous la présidence de Georges Pompidou, puis au cabinet du premier ministre Raymond Barre dans les années 1970. Il sera député des Vosges de 1978 à 2002 et maire d'Epinal (1983-1997).
Ministre des Affaires sociales et de l'Emploi de 1986 à 1988, président de l'Assemblée nationale française de 1993 à 1997 – "l'un des présidents de l'Assemblée nationale parmi les plus brillants et les plus respectés", déclare le Premier ministre -, président du Rassemblement pour la République de 1997 à 1999, il se voue totalement à sa fonction de Premier président de la Cour des comptes de 2004 à sa mort.
Grand amateur de football, Philippe Séguin était aussi le président de la Commission "Grands stades Euro-2016" sur l'état des stades en vue d'une éventuelle candidature à l'organisation du Championnat d'Europe en 2016.
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